Photographies de studio

Un projet de Deborah Di Bello
Textes traduits par Francesca Amatruda

Photographies d’autrefois

La série de photographies y présentée nous montre des hommes, des femmes, des enfants, des familles dont les photos ont été prises dans un studio entre la deuxième moitié du XIX siècle et les années ‘70 du XX siècle. Non seulement ces personnes portent, en vue de cette occasion, leur bon costume, mais probablement c’est aussi le seul qu’ils possèdent. On observe les visages d’une civilisation paysanne qui, petit à petit, a disparu de la Péninsule sorrentine. Les gens ont pris ces photos en tant que souvenir, symbole, cadeau, échange: les raisons sont nombreuses. Tout d’abord il faut dire que les photos prises dans un studio nous offrent d’innombrables sujets de réflexion, surtout à l’époque actuelle, car on vit dans l’ère de l’image, où les photos sont prises tout le temps. En outre, elles sont manipulées, partagées et simplement perdues dans le web.

Dans la capitale la photographie est une activité prospère, alors que dans les périphéries rurales on garde ces objets soigneusement, comme s’ils étaient des reliques. Ces photos représentent la seule trace tangible d’une femme, famille ou circonstance.

Les enfants sont, sans aucun doute, le symbole de la famille et de la centralité du foyer domestique. C’est pour cette raison qu’ils sont représentés au centre de la photo. Ils portent leur tenu du dimanche et ont souvent un jouet dans les mains.

La valeur de la photographie pendant les cérémonies du siècle dernier est très différente de celle que l’on y attribue aujourd’hui. Par exemple, la cérémonie nuptiale, à travers le regard photographique, se charge de solennité: en effet, avoir une photo de cet évènement en fait augmenter sensiblement la valeur sociale.

Quand on est dans un studio de photo on répète toujours les mêmes poses, employant des objets et des vêtements qui élèvent le status social du sujet. Pour les hommes, ce sont par exemple les cigarettes et le journal. On témoigne donc une émulation paysanne de la bourgeoisie.

Afin de prendre les photos, on se rendait à Sorrento, dans les environs, chez le studio de photo “De Luca e Figli”. Selon l’enquête qu’on a mené, il s’agissait probablement du seul studio de photographie présent sur le territoire de Massa Lubrense et Sorrento jusqu’à la première moitié des années ‘50.

La photo de la cérémonie a aussi bien une valeur de cadeau. On l’échange parmi les participants et chacun d’entre eux va la garder. Ce geste représente ainsi le symbole d’un lien familial entre les fêtés et les invités.


photographies - Deborah Di Bello

Deborah Di Bello, née dans la Péninsule de Sorrento, obtient sa licence en sociologie en 2010 avec une thèse sur l’anthropologie visuelle. L’amour pour sa terre et la passion pour l’histoire locale, les mœurs, les traditions et le territoire dans toutes ses nuances la guident jusqu’à devenir guide touristique et de randonnée, et elle le fait encore comme emploi. Elle cherche toujours à donner une nouvelle façon de voir les choses, avec le but de saisir l’essence des différents lieux.

Ces données résultent d’une recherche anthropologique menée auprès des familles de Torca (fraction de Massa Lubrense). Dans cet endroit la rue se termine et, pour cette raison, il s’agit d’un bassin privilégié riche en anecdotes, histoire et documents qui se sont préservés jusqu’à présent. Les photos dans un studio – à la différence de celles prises en plein air – ont resté suspendues pour de nombreuses années parce qu’on n’avait ni le temps ni une bonne façon pour les argumenter. Après dix ans, ce petit slide-show représente un petit rachat pour ce travail-là sur le terrain. Pour conclure, on espère donner le coup d’envoi pour une petite archive ethnographique locale.


Un remerciement particulier va aux familles de Torca qui, avec gentillesse et humilité, ont ouvert leur boîtes, leurs tiroirs, mais surtout leurs mémoires. Un autre remerciement va aussi à la Pro Loco Massa Lubrense qui, à travers la figure de Amalia Guarracino, a rendu possible cette petite exposition virtuelle.